Le changement global, c’est quoi ?

Le changement global correspond à l’ensemble des bouleversements en cours qui affectent le système Terre qui est composé des océans, des continents, de l’atmosphère, du vivant… Ce changement global inclut toute une série de modifications qui se sont accélérées depuis le début de l’ère industrielle, à partir de 1850 : déforestation, dégradation des habitats et des écosystèmes naturels, pollutions de l’eau, du sol et de l’air, artificialisation et appauvrissement des sols, recul ou disparition de zones humides, exploitation massive des ressources naturelles, modifications du cycle de l’eau et du carbone… Ces phénomènes résultent de nos modes de consommation et de production, et plus largement de nos modes de vie, principalement dans les pays développés, qui sont énergivores, gourmands en énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) et en ressources naturelles (eau, sol, espèces animales et végétales, biomasse…). Ces effets néfastes sont provoqués par l’urbanisation, l’industrie, l’agriculture intensive, le transport (trafic routier, aérien et maritime), l’habitat, les aménagements, la surconsommation de produits, la fragmentation des paysages, les usages du numérique, les feux de forêt, le tourisme, etc. Ces excès combinés à l’augmentation rapide de la population mondiale se traduisent par une alarmante érosion de la biodiversité, une modification des cycles naturels, une évolution trop rapide du climat due aux émissions massives de gaz à effet de serre (protoxyde d’azote, méthane, dioxyde de carbone…) dans l’atmosphère, un réchauffement et une acidification des mers et des océans, une élévation du niveau marin…

Les sociétés humaines sont à l’origine des modifications en cours et en sont en même temps les victimes, ce qui doit inciter toute l’humanité à s’interroger et à agir vite pour inverser les tendances.

Évolution de l’urbanisation à La Seyne-sur-Mer entre 1953 et 2021, commune côtière du Var, à l’ouest de Toulon (© IGN).

Le changement global concerne-t-il la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ?

Oui, aucun territoire du monde n’échappe au changement global. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne fait pas exception. Elle est pleinement concernée par les effets du changement global : le bassin méditerranéen est même considéré comme l’une des zones géographiques les plus exposées et vulnérables au monde.

Les écosystèmes naturels de la région sont-ils également menacés par le changement global ?

Tout écosystème ou biome (ensemble d’écosystèmes présentant des conditions écologiques similaires) est profondément affecté par le changement global dans le monde. Dans la région, la biodiversité marine, aquatique et terrestre, les forêts méditerranéennes et alpines, les milieux humides, etc. sont tous menacés par le changement global. Même les écosystèmes naturels les plus préservés, en haute altitude ou dans les profondeurs de la Méditerranée, subissent ses impacts. Ces derniers se superposent aux conséquences de l’exploitation des ressources naturelles par les civilisations méditerranéennes. Les paysages de la région sont en effet dans la majorité des cas façonnés par la présence humaine qui est très ancienne en Méditerranée.

Heureusement, des écosystèmes naturels et des agrosystèmes en région Provence-Alpes-Côte d’Azur sont en cours de restauration ou en bonne santé, malgré les pressions environnementales. La Réserve naturelle nationale de Ristolas-Mont Viso et même des territoires habités comme le Parc naturel régional de Camargue abritent des espaces naturels remarquables.

Les espaces agricoles entre les villages de Lacoste et Bonnieux dans le Parc naturel régional du Luberon, Vaucluse : l’empreinte humaine en Méditerranée est ancienne (© GeographR).

Le changement climatique est-il une composante du changement global ?

Oui, le changement climatique est une composante du changement global sachant que les interactions entre les sociétés humaines, les écosystèmes naturels (dont la biodiversité) et le climat sont permanentes. Tout est lié et fonctionne en boucle. Chaque modification dans l’une des composantes en entraîne une autre et peut potentiellement déséquilibrer tout le système. Par exemple, les émissions massives de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, en lien avec les activités humaines, modifient le bilan radiatif de la Terre et engendre un réchauffement de la troposphère, la basse couche de l’atmosphère (jusqu’à 15 km d’altitude selon la latitude). Le bilan radiatif est la différence entre l’énergie reçue et perdue par le système climatique terrestre (sol-atmosphère-océans). Si l’énergie reçue est supérieure à l’énergie perdue, ce qui est le cas quand les GES sont en excès dans l’atmosphère, un réchauffement s’enclenche (les GES piègent la chaleur terrestre).

D’où proviennent les gaz à effet de serre (GES) ?

Les émissions de GES sont d’origine naturelle (grâce à la vapeur d’eau et aux concentrations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, la température moyenne annuelle de la Terre est voisine de 15 °C) ou anthropique (activités humaines) :

  • dioxyde de carbone (CO2) : transport (trafic aérien, routier et maritime), habitat (principalement chauffage), déforestation, combustion d’énergies fossiles, industries, incendies, changement d’usage des sols, volcans, respiration animale et végétale…
  • méthane (CH4) : agriculture (digestion des bovins, traitement des déchets agricoles, culture du riz, mécanisation…), production et utilisation des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), décharges, fonte du pergélisol (sol gelé), zones humides…
  • protoxyde d’azote (N2O) : combustion de biomasse, agriculture, trafic routier…
  • gaz fluorés (hydrofluorocarbure, perfluorocarbure et hexafluorure de soufre) : systèmes de climatisation et de réfrigération, industries des semi-conducteurs…

Sur 20 ans, le méthane a un pouvoir réchauffant 81 fois supérieur au CO2 et le protoxyde 273 fois supérieur (source : GIEC, 2021), d’où l’intérêt de ne pas seulement réduire les émissions de CO2. Les principaux pays émetteurs de GES sont la Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie…, mais chaque pays est émetteur.

Usine chimique à Fos-sur-Mer : contrairement aux apparences, ce site industriel rejette des gaz appelés « composés organiques volatils » (COV). De manière générale, les COV (butane, toluène, éthanol, acétone, benzène…) se dégradent dans l’atmosphère, participent à la formation de l’ozone troposphérique et renforcent in fine l’effet de serre en captant le rayonnement infrarouge renvoyé par la Terre. Des stratégies de réduction des émissions ont été adoptées, mais les industriels doivent poursuivre leurs efforts pour protéger les système climatique et le vivant (© GeographR).

Quelle est la définition exacte du changement climatique ?

Selon la définition du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), le changement climatique est la « variation de l’état du climat, décelée par des modifications de la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une longue période, généralement pendant des décennies ou plus ». En d’autres termes, le changement climatique correspond à l’évolution du climat terrestre sur une période prolongée (de quelques décennies à des millions ou des milliards d’années).

Il est important de ne pas confondre climat et météo. Le climat est caractérisé par une longue série de conditions météo de l’atmosphère terrestre (température, humidité, pression atmosphérique, vitesse et orientation du vent…) relevées à un instant t. Le climat s’entend ainsi sur le long terme, alors que la météo fait référence à une certaine date : 30 ans de relevés météo horaires ou journaliers sont, par exemple, nécessaires pour calculer une normale climatique pour un lieu donné.

Température moyenne annuelle (en °C) en France, période 1976-2005 (source : DRIAS). Différentes méthodes existent pour cartographier le climat : ici, les modèles estiment les conditions météorologiques sur 30 ans pour calculer une normale climatique.

En ce sens, il faut également différencier les projections climatiques et les prévisions météo. Les premières modélisent sur le long terme les évolutions du climat dans le futur, à différents horizons (2041-2070 par exemple), tandis que les prévisions météo anticipent les conditions atmosphériques sur quelques jours ou semaines (court terme) selon le type de simulations.

Au cours d’une année ou d’une saison, une période de fraîcheur ne signifie pas que le changement climatique n’est pas une réalité. Le climat est ponctué de différentes situations météorologiques inférieures, conformes ou supérieures à une normale climatique. La variabilité du climat et des conditions météo associées est naturelle. Le réchauffement climatique se traduit par une répétition de périodes anormalement chaudes, toutes saisons confondues, qui peuvent être interrompues par des épisodes de fraîcheur plus ou moins longs, mais la tendance générale à la hausse de la température de l’air sur le long terme, comme celle des mers et des océans, est physiquement mesurée par le réseau mondial de stations météo et observée sans ambiguïté par les scientifiques. Le réchauffement climatique ne fait plus aucun doute.

Selon le GREC-SUD, l’expression « dérèglement climatique » est souvent utilisée dans le langage commun, mais elle est trompeuse dans le sens où le changement climatique actuel ne s’assimile pas à un simple dérèglement du système climatique, sous-entendant un retour possible à l’état du climat de l’ère préindustrielle, ce qui n’est pas envisageable (mécanismes atmosphériques très complexes), même si les actions d’atténuation des GES peuvent limiter les effets du changement climatique. Par ailleurs, « réchauffement climatique » indique simplement le phénomène de hausse de la température moyenne observée dans les océans, l’atmosphère et à la surface de la Terre (air ambiant, à 2 m de hauteur), ce qui est réducteur.

Aujourd’hui, quelle est l’ampleur du changement climatique en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?

Le réchauffement climatique mondial (+1,2 °C par rapport à l’ère préindustrielle 1850-1900) est plus rapide sur les surfaces terrestres que maritimes, mais cette hausse est encore plus marquée dans le bassin méditerranéen et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Dans la région, l’augmentation annuelle moyenne de l’air ambiant est d’environ 2,1 °C en plaine (plus encore dans les Alpes du Sud). Et elle est plus rapide en été qu’en hiver.
De manière générale, selon le MedECC (le réseau méditerranéen d’experts indépendants du climat et du changement environnemental), le réchauffement est 20 % plus rapide en Méditerranée (le constat est similaire sur le continent européen). Plusieurs causes expliquent ce phénomène dans la région : assèchement des sols dû à l’augmentation de la température et à la baisse des précipitations (moins d’évaporation des sols et d’évapotranspiration des plantes), hausse de la température de la mer Méditerranée en surface et en profondeur, flux chauds provenant du sud plus fréquents ou durables, pollutions, configuration physique de la région méditerranéenne…

Installation d’un capteur de température de l’eau de mer à Cassis (© Frédéric Zuberer).

Ces chiffres se traduisent à l’échelle régionale par :

  • une hausse progressive de la température de l’air ambiant (ne pas confondre avec la température de surface), de la mer, des lacs et des cours d’eau. Ces 60 dernières années, la température annuelle a augmenté en moyenne de 0,3 °C par décennie, d’après Météo-France ;
  • une augmentation de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes : vagues de chaleur, canicules, sécheresses, épisodes méditerranéens (pluies orageuses intenses) : fin juin 2019, la température de l’air a dépassé 43 °C en Provence ;
  • une évolution à la baisse de la ressource en eau ;
  • des gels tardifs : le changement climatique n’empêche pas un épisode de froid tardif au printemps quand le cycle végétatif des plantes a déjà démarré (mise en péril des récoltes)…

Les années 2003 et 2022, très médiatisées (conséquences socio-économiques et sanitaires), ont montré combien la situation devenait critique avec de fortes chaleurs et des déficits marqués de précipitations, mais ces années exceptionnelles masquent la répétition d’événements climatiques moins sévères qui accompagnent silencieusement, année après année, saison après saison, le changement climatique.

L’évolution du climat se traduit par de forts impacts sur les écosystèmes et les activités humaines :

  • modification des phases de développement des végétaux (phénologie) : elle fragilise la plante qui devient plus sensible aux maladies parasitaires, aux températures, au manque d’eau… À un stade avancé, des dépérissements de forêts, comme dans le Verdon (pins Sylvestre) ou le Mont Ventoux (sapins), peuvent être constatés ;
  • renforcement des îlots de chaleur urbains aggravant l’inconfort thermique des habitants et le risque sanitaire : les cœurs de villes, et même des villages, sont nettement plus chauds que les espaces périphériques (champs agricoles, forêts, surfaces aquatiques et maritimes…) ;
  • multiplication des nuits tropicales (température minimale nocturne supérieure ou égale à 20 °C) ;
Évolution du nombre de nuits tropicales à Nice (source : Météo-France).
  • baisse de la productivité agricole et des personnels travaillant à l’extérieur (métiers agricoles, du bâtiment et des travaux publics…) ;
  • érosion de la biodiversité marine et terrestre ;
  • hausse du niveau marin (+20 cm au XXe siècle) et augmentation des phénomènes de submersion marine ;
  • introduction d’espèces invasives pouvant provoquer des maladies infectieuses (moustiques tigres, tiques…) et une modification des chaînes alimentaires (poissons lapins, barracudas…)  ;
  • risque d’intrusion saline dans les nappes phréatiques les rendant impropres à l’utilisation (agriculture, eau potable) ;
  • augmentation de la pollution atmosphérique (maladies pulmonaires, allergies, décès…) ;
  • risque d’incendies extrêmes plus sévère ;
  • risque d’inondations accru…

Mais, comme précédemment souligné, le changement climatique est seulement l’une des composantes du changement global. Les pratiques quotidiennes (usage des pesticides, artificialisation des sols, pollutions atmosphériques, etc.) contribuent aussi largement à la dégradation de la santé du vivant, auquel appartient l’espèce humaine.

Et demain, quelles tendances et conséquences du changement climatique de l’échelle globale à régionale ?

Compte tenu de la durée de vie (inertie) des GES dans l’atmosphère, quelles que soient les politiques et stratégies de réduction des émissions, le changement climatique se poursuivra jusqu’en 2050 de l’échelle globale à régionale. Et des effets irréversibles, comme la hausse de la température des océans, l’élévation du niveau marin et la fonte de la calotte glaciaire du Groënland, perdureront pendant plusieurs siècles.

Dans son dernier rapport, le GIEC a modélisé cinq trajectoires climatiques à l’échelle mondiale selon différents scénarios d’émissions de GES qui dépendent des modes de développement des sociétés humaines. À l’échelle mondiale, à l’horizon 2100, la température augmenterait de 0,3 (scénario très optimiste) à 3,6 °C (scénario pessimiste) par rapport à aujourd’hui, soit +1,4 à +4,7 °C si on se réfère à l’ère préindustrielle. Ces valeurs sont très inquiétantes dans la mesure où chaque dixième de degré de réchauffement supplémentaire provoque de plus graves conséquences climatiques, environnementales et sociétales, pouvant conduire à des points de basculement ou de rupture susceptibles de rendre des territoires, aujourd’hui habités, invivables.

Les cinq derniers scénarios du GIEC dont deux respectent l’Accord de Paris (very low emissions +1,5°C et low emissions +2°C) et trois occasionnent un réchauffement global de près de près de 3 à 5°C (source : GIEC 2021).

Aujourd’hui, les conditions pour atteindre les scénarios de très faibles (very low) et faibles (low) émissions de GES ne sont pas réunies à l’échelle mondiale. Si les engagements et promesses des États sont tenus, nous tendons vers un scénario intermédiaire, avec une hausse de la température mondiale moyenne d’environ 3 °C, soit 4 °C en France en 2100. En ce sens, la Trajectoire de réchauffement de référence choisie pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) de la France est aujourd’hui fixée à 4 °C, même si les scénarios plus optimistes ne sont pas exclus par la communauté internationale, notamment les pays les plus vulnérables qui sont souvent les plus pauvres et démunis face aux chocs climatiques.

En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la hausse de la température annuelle dépasserait 5 °C (7 °C en été), par rapport à la période 1850-1900, en cas de scénario pessimiste.

De manière générale, dans la région, tout au long de l’année, les vagues de chaleur seront plus fréquentes, intenses et longues (d’ici 2050, leur nombre sera multiplié par 4 et, en moyenne, 40 nuits tropicales supplémentaires seront enregistrées à Avignon, par exemple). Les pics de chaleur atteindront 45 °C ces prochaines décennies, hors littoral, et dépasseront même 48 °C entre 2050 et 2100, période durant laquelle la région subirait en moyenne 90 jours de canicule, en cas de scénario pessimiste. En 2050, dans la région, quel que soit le scénario socio-économique (représentation future de tout ce qui façonne notre société, l’économie au niveau mondial, régional ou local), le réchauffement climatique gagnera encore 1 °C par rapport à aujourd’hui, en moyenne annuelle.

Des pics de chaleur d’au moins 48 °C possibles après 2050 dans la région, soit une température proche des records de chaleur en Tunisie.

Évolution de la température maximale moyenne en été (°C), par commune, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, entre les périodes 1996-2015 et 2046-2065 selon le scénario pessimiste (sources : DRIAS, Les futurs du climat / GeographR). À l’horizon 2050, la hausse de la température sera particulièrement marquée en été et à l’intérieur des terres, notamment en montagne, même en cas de scénario plus optimiste.

Les incertitudes des projections climatiques relatives aux précipitations et à la distribution des pluies sont plus grandes que pour les températures, mais des tendances générales se dessinent à l’horizon 2050 :

  • un maintien des cumuls annuels de précipitations, mais des contrastes saisonniers prononcés, avec des étés encore plus secs qu’aujourd’hui et des automnes généralement plus humides ;
  • plus d’épisodes pluvieux que neigeux jusqu’en moyenne montagne à cause de la hausse de la température : un enneigement moins abondant en dessous de 1800-2000 mètres d’altitude, avec une saison propice aux activités de neige plus courte, ponctuée de périodes de fort redoux ;
  • des épisodes méditerranéens potentiellement plus puissants (plus l’atmosphère est chaude, plus elle peut contenir d’humidité : +1 ºC = jusqu’à +7 % de vapeur d’eau), tout particulièrement en Provence et sur le littoral…
Évolution du cumul de précipitations en hiver (en mm), par commune, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, entre les périodes 1996-2015 et 2046-2065 selon le scénario pessimiste (sources : DRIAS, Les futurs du climat / GeographR). À l’horizon 2050, la baisse relative des cumuls de précipitations concernera principalement le sud-est de la région.

Ces tendances modifieront les débits des cours d’eau, avec des hautes eaux en hiver et au printemps, et des situations plus critiques dès la fin du printemps jusqu’au début de l’automne, et des étiages et des assecs (rivière, lac ou étang à sec) sévères en été. Les ressources souterraines seront également affectées par ces changements. L’été 2022 est une illustration d’une saison estivale conforme à la normale (été banal) à l’horizon 2050 et après, en cas de scénario pessimiste. À l’avenir, la tension sur la ressource sera source de conflits d’usages (eau potable, agriculture, tourisme, production d’énergie…) et de dégradation de la qualité des milieux aquatiques. Après 2050, si les émissions de GES se sont massivement réduites, les cumuls annuels de précipitations déclineraient (-10 à -20 %), ce qui aggraverait le risque de pénuries, sachant qu’en 2022, par exemple, des communes du Var ont été privées d’eau (approvisionnement par camions).

Évolution du nombre de jours de période de sécheresse (en %) par intercommunalité, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, entre les périodes 1976-2005 et 2041-2070 selon le scénario pessimiste (sources : DRIAS, Les futurs du climat / GeographR). La sécheresse gagnera du terrain sur une majeure partie des départements des Bouches-du-Rhône et du Var.

D’après l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), le risque incendie augmentera fortement ces prochaines décennies dans les Bouches-du-Rhône, le Var, le Vaucluse et le sud-ouest des Alpes-de-Haute-Provence. En moyenne, en été, 15 jours présentant des conditions propices aux incendies extrêmes seraient comptabilisés à la fin du siècle dans le secteur de Digne-les-Bains, 50 jours autour de l’étang de Berre dans les Bouches-du-Rhône. Cette augmentation du risque se traduira en été, tous scénarios confondus, par un nombre annuel croissant de jours de fermeture des massifs forestiers, limitant les loisirs et l’attractivité touristique.

Ces tendances générales cachent des évolutions plus nuancées selon les territoires (précipitations en légère hausse en été dans le Queyras ces trois prochaines décennies, par exemple). Une analyse fine est possible aujourd’hui par commune ou intercommunalité grâce aux jeux de données disponibles.

L’une des certitudes du changement climatique est l’élévation du niveau marin sous l’effet de la fonte des glaces et de la dilatation des mers et des océans (une eau plus chaude se dilate : plus de volume)  : en mer Méditerranée, +25 cm en 2050, entre +40 et +100 cm en 2100 (selon le scénario). Cette élévation pourrait atteindre 200 cm, soit 2 m, dès le milieu du siècle prochain. Les communes littorales sont appelées à repenser leurs aménagements sur la côte à court, moyen et long termes.

Zones exposées (en rouge) si le niveau marin monte d’un mètre d’ici 2100. La Camargue serait, par exemple, majoritairement submergée et Giens deviendrait potentiellement une île suite à la disparition du cordon littoral (tombolo) ouest. La plage de l’Almanarre et les salins des Pesquiers disparaîtraient, mais les processus physiques en jeu restent complexes (source : BRGM).

Face au changement global, et plus spécifiquement au changement climatique, une situation régionale sans espoir ?

La situation est alarmante, mais l’espoir demeure, si les principaux émetteurs de GES dans le monde mettent tout en œuvre pour protéger le système climatique et plus globalement le système Terre. L’ensemble des acteurs socio-économiques sont aussi appelés à se mobiliser, tout comme les citoyens qui ont aussi un rôle majeur à jouer, mais à leur mesure (transport, alimentation, tourisme, industrie du textile…).

Les impacts du changement climatique et les principales solutions à adopter d’après le 6ème rapport d’évaluation du GIEC (crédit : MTE/Dicom).

Compte tenu des trajectoires climatiques, il est essentiel que les sociétés s’orientent sans délai vers l’atténuation des émissions de GES et l’adaptation au changement climatique qui consiste à ajuster nos systèmes pour « limiter les dommages potentiels, tirer parti des opportunités ou faire face aux conséquences » (ministère de la énergétique écologique). À l’échelle européenne, des objectifs très ambitieux, mais indispensables, sont fixés pour réduire de plus de la moitié les émissions de GES d’ici 2030 (par rapport à 1990) et atteindre la neutralité carbone en 2050 (équilibre entre les émissions de carbone et le stockage de carbone de l’atmosphère par les puits de carbone). Pour limiter les impacts du changement climatique, les scientifiques recommandent de ne pas dépasser un réchauffement de 1,5 °C à l’échelle mondiale, mais ce seuil sera atteint avant 2035. Un dépassement de 2 °C entraînerait de graves conséquences dans le monde (submersion totale d’îles et de côtes, extension de la désertification, migrations massives de réfugiés climatiques, crise alimentaire, crise de l’eau, crise géopolitique…). Le coût de l’inaction serait très nettement supérieur au montant des investissements nécessaires pour atteindre la neutralité carbone en 2050 au plus tard et engager la transition écologique dont l’un des piliers est la sobriété qui est, selon l’ADEME, une opportunité pour « repenser nos besoins et la manière de produire les biens et les services afin de réduire les consommations d’énergie » et l’exploitation abusive des ressources naturelles en général. La sobriété est aussi l’occasion de réinterroger les valeurs de nos sociétés et d’actionner des leviers pour faire émerger de nouveaux modèles de développement.

Le coût de l’inaction serait très nettement supérieur au montant des investissements nécessaires pour atteindre la neutralité carbone et engager la transition écologique.

Ce parcours « Découverte » est terminé. Pour approfondir vos connaissances, suivez le parcours « Exploration » qui valorise de nouveaux jeux de données scientifiques et techniques de l’échelle européenne à régionale, et le parcours « Accès à la donnée » offrant une passerelle vers le visualiseur cartographique thématique (menu à la carte) et un espace dédié aux professionnels.

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